Éditorial de la rentrée J106

Editorial

Chère Amie, Cher Ami,

On raconte qu’autrefois vivait un être… ordinaire, banal… et pourtant, tout gonflé de prétention et d’orgueil.

Oisif, à force de regarder autour de lui, il finit par imaginer en être le centre, le plus abouti… (comme la pointe d’une pyramide par exemple… !!!) Celui à qui on ne peut refuser aucun caprice.

Un jour, il  se mit à envier les oiseaux : « ils font ce qu’ils veulent et se posent à n’importe quel endroit »  pensa-t-il.

Une voix venue de l’espace lui répondit : « soit, je te l’accorde » Notre petit être se conforta et se mit à voler.

Du haut d’un perchoir où il venait de se poser, il vit un arbre plusieurs fois centenaire et se mit à rêver d’être ce géant pour sa force et sa longévité… « soit ! Fit la voix une nouvelle fois, tu seras cet arbre et tu vivras longtemps »

Le temps passait, de nombreux oiseaux avaient niché chez lui, mais planté là, prisonnier de ses racines,  il se mit à manquer de liberté

Alors, il rêva bien plus grand… en tournant la tête, une énorme montagne lui apparut… Mais il se persuada vite qu’au-delà de celle-ci, se trouvait encore quelque chose de plus intéressant et qu’il serait mesquin de faire encore des petits bonds alors que, manifestement, il lui suffisait d’émettre un vœu pour qu’il se réalise.

Il cria : « je veux être le tout. Tout ce que je vois autour de moi, tout ce qui est, je veux le connaître pour mieux le dominer… et d’ailleurs, je veux aussi être toi.

« Soit » entendit-il et puis ce fut le silence. Des siècles et des siècles passèrent ainsi… sans aucune contrariété et pas davantage de grande joie.

Un jour, il commença à ressentir un léger gratouillement tout en bas de ses flancs.

D’abord il n’y prêta aucune attention mais la petite sensation finit par se transformer en douleur de plus en plus vive.

Il lui sembla alors que tout ce qui le composait dans sa grande majesté était en train de s’effriter et il en conçut une véritable maladie.

Il souffrait maintenant tous les jours un peu plus… Tant qu’il se souvint du bonheur qui était le sien à l’époque où il n’était qu’un petit être.

Il regrettait amèrement son ambition démesurée  lorsqu’il entendit une petite voix. Elle était intérieure, à la fois faible et déterminée : « je suis un homme, le même que celui que tu as été jadis. Te souviens-tu de tes ambitions ? Je veux moi aussi découvrir. Je sais quelles sont tes souffrances car en toi, tout est pourri et la guérison peu probable serait de surcroît, longue et douloureuse car l’ambition et l’égoïsme t’ont aveuglé.

« Donne-moi ta place et prends la mienne » implora le monde.

Mais il était bien trop tard.

Je ne suis pas là pour prendre ta place, les valeurs que je défends sont incompatibles avec celles sur lesquelles tu t’es construit.

Tout était dit.

Le sujet mérite-t-il que l’on en parle… et surtout que l’on y réfléchisse … deux fois de suite ?…

La dernière fois, nous avions relevé la vulnérabilité de l’homme… « abouti » face à un être aussi minuscule.

Depuis, des mesures de toutes sortes ont été prises pour tenter de juguler ses attaques répétées… avec un certain succès, il faut bien le reconnaître.

Aujourd’hui, nous le connaissons un peu mieux et au vu des mois qui viennent de s’écouler et des résultats obtenus, on pouvait croire légitimement que notre démarche était la bonne.

Sans doute d’ailleurs l’était-elle, chacune, chacun en effet se sentait en danger.

Sauf découvertes spectaculaires et notoirement imminentes, la nature même des contraintes imposées peut nous laisser à penser qu’aujourd’hui seules les valeurs que nous défendons sont de nature à amener des résultats satisfaisants.

Le partage assurerait à chacun les meilleures conditions de vie possibles.

La solidarité amènerait l’empathie nécessaire pour ne rien provoquer au détriment de tous.

La liberté consentie, universellement reconnue comme un droit dû à chacun.

Chère Amie, Cher Ami, je vous remercie de m’avoir suivi.

Soyons Laïques !

                                                       Francis