Editorial J63

Mon Ami,

A quelques années près, cela fait 190 ans que l’esclavage a disparu.

En ce temps-là, de nombreuses lois se sont mises à promulguer l’émancipation et la liberté de « l’homme asservi » et donc le caractère obsolète de sa condition d’esclave.

Peut-être aurait-il fallu préciser de quel genre de liberté il s’agissait :

Eventuellement celle de mourir de faim plutôt que sous les coups de bâtons d’un « maître » trop dur.  Ce fut hélas bien souvent le cas.

Heureusement allais-je dire : « Il y a bien longtemps que cela n’existe plus,  imagine un peu : presque 200 ans »

En enfilant ma veste pour sortir, mes doigts ont cherché les boutons de fermeture.  Vas  savoir pourquoi… j’ai subitement eu honte : Celui ou celle qui comme moi… les a touchés il y a quelques jours pour les coudre, est peut-être mort avec des centaines de ses compagnons d’infortune, dans l’effondrement au bangladesh, de cette tour infernale où ils étaient exploités.

Des hommes et des femmes comme moi, ont donc été écrasés physiquement… après l’avoir été socialement… pour que soit confectionnée cette veste que je me suis offert par caprice, pour un montant équivalent à plusieurs années de leur salaire.

En quinze jours, c’est vrai,  nous avons eu l’occasion de nous féliciter de l’abolition d’une condition inhumaine à laquelle étaient réduits depuis des siècles des êtres humains, et celle de nous rendre compte que les « petits plaisirs » que nous nous offrons en faisant les boutiques, sont des purs produits du même état d’esclave dans lequel croupissent d’autres êtres humains quelque 200 ans plus tard.

Aujourd’hui pourtant il va bien falloir que nous regardions plus loin que notre petit confort égoïste.

Les habitants des « Pays émergents » qui affichent aujourd’hui un taux de croissance à deux chiffres connaissaient pour la plupart des conditions de vie proche de l’esclavage pendant que nous construisions nos  « sociétés de consommation ».

A l’inverse, aujourd’hui, presque tous les pays d’Europe sont entrés en récession économique.

Et si  le Zénith de notre opulence venait de passer … ?

Et si tous ces pays dits « Emergents » venaient eux de dépasser le solstice de l’inconfort, de la misère et entrevoyaient le printemps qui arrive… ?

Merci mon Ami de m’avoir lu une fois encore.

 

                                                                           Francis.