Éditorial J78

Cher Ami,

C’était sur « science et vie », je regardais une émission consacrée aux îles du Pacifique… La plupart d’entre elles sont petites sinon minuscules…mais toutes sont peuplées… au moins d’animaux sinon d’hommes et de femmes aux coutumes bien différentes des nôtres, on le devine.
La survie à long terme sur ces petits bouts de terre isolés en plein océan, est compromise on le sait, par les méfaits d’un réchauffement climatique dont sont responsables en premier, le pays industrialisés.
Mais ce n’est pas de la COP21 dont j’ai envie de parler d’abord.
Elle vit sa vie… j’espère comme tout le monde qu’elle aboutira… sans trop y croire.
Sur cette petite île-là, ils sont trois cents habitants, c’est ainsi depuis très longtemps et depuis très longtemps, « nécessité faisant peut-être loi », la solidarité préside aux destinées.
Je dis « peut-être… tant cette solidarité paraissait si naturelle qu’elle m’a interpellé voire bouleversé. Tout est partagé, non pas au niveau de chacune des familles, mais c’est toute la communauté qui bénéficie de ce partage équitable.
Je n’ai pas pu m’empêcher de me chercher des excuses, de nous… chercher des excuses : c’est vrai, trois cents personnes sur un ilot… ou bien on partage…ou on s’anéantit, les options ne sont pas nombreuses… et puis, tout le monde se connaît… Que sais-je encore…
Et puis ce fut le retour aux réalités : l’heure n’est plus aux faux fuyants, personne n’a plus le droit de se débiner, la solidarité, la justice, l’égalité, valeurs que nous laïques, considérons comme références… ne sont-elles pas devenues indispensables pour chacun d’entre nous, les sept milliards de terriens que nous sommes ?
Des émigrés économiques, oui… politiques, oui… de la faim, oui et bientôt ils seront des millions d’émigrés climatiques !
A la COP21, on parle beaucoup de sauver la terre… Mais n’ayons pas peur pour elle… elle vivra bien sa destinée sans nous…d’autres espèces s’en sont allées qui n’étaient pas si destructrices que nous…
Arrêtons les faux discours…C’est l’homme qu’il nous faut sauver… les hommes !… Avec toutes leurs différences, leurs richesses et leurs défauts, leur culture, leurs coutumes, leurs croyances ou leur athéisme, leur esprit de conquête ou leur désir de paix…
On comprend bien mon ami, que sans esprit de solidarité, d’équité, de justice, cette conférence planétaire accouchera d’une souris… comme les précédentes.
Alors, comment devenir solidaire, ressentir de l’empathie pour quelqu’un que je n’ai jamais vu, que je ne rencontrerai jamais ?
Nous en parlerons si tu veux bien, quand nous nous reverrons… mais il me semble que « les empêcheurs de tourner en rond » ne sont pas à l’extérieur, ils n’habitent pas la Norvège, le Canada ou la Nouvelle Zélande… Ils se cachent bien plus près, à l’intérieur de moi.
La générosité d’un soir d’émission télévisée, s’il faut lui reconnaître le mérite d’exister, est bien facile pour nous, dans la mesure où elle ne nous engage que ponctuellement.
Mais cultiver en soi les valeurs qui conduisent à une authentique empathie, demande un travail au jour le jour qui demande du temps.
C’est sans doute cela aussi…être laïque
Bien à toi mon Ami, avec toute ma sincérité.

Francis.