Monsieur Mandela

 

         Monsieur Mandela,

Vous étiez enfant lorsque vous vous êtes mis à rêver d’un pays où toutes et tous pourraient vivre en bon entente, se considérant mutuellement comme égaux.

Mais vous étiez noir, Monsieur Mandela…  Peut-être, pressentiez-vous déjà l’entrave qu’allait représenter cette couleur de peau sur votre route d’homme libre…  On ne rêve vraiment que de ce qui paraît inaccessible.

Là où vous êtes né, chacun vivait de son côté : les dix pour cent de citoyens riches, blancs et puissants le décidèrent un jour pour les nonante pour cent qui restaient…. Et l’apartheid fut.  La loi interdit aux « noirs » de fréquenter les mêmes endroits que les blancs.

Votre monde bon et juste, vous l’avez alors construit dans votre cœur et tenté de le partager. Vous y avez cru… tant, que vous avez osé le revendiquer… Vous ne pensiez pas commettre un crime, pourtant on vous a enfermé, condamné au bagne… toute une vie à casser des cailloux.

Les vingt sept années qu’a duré votre détention ne vous ont pas découragé et lorsque vos geôliers vous ont proposé la liberté, vous l’avez refusée si ce n’était pour la partager avec tous vos concitoyens quelle que soit la couleur de leur peau.

Le régime inacceptable de l’apartheid a enfin été aboli sous la pression et vous êtes sorti de prison.

Est-ce d’y avoir tellement cru que votre rêve a éteint dans votre cœur toute forme de haine ? Pour lui,  vous avez tendu la main à ceux qui vous avaient  volé la moitié de votre vie.

Nous sommes Laïques Monsieur Mandela.

Ce que nous retiendrons de vous, c’est que vous êtes arrivé à détester l’injustice plus les hommes qui la pratiquent, les humiliations plus que ceux qui humilient et que vous avez haï les mauvais traitements plus que ceux qui vous les infligeaient.

Pour tous les hommes qui rêvent d’un H majuscule, nous vous en remercions.

 

F Cornet